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GENEVE: Pour une politique en faveur des jeunes

Genève a besoin d’une réelle politique du logement pour les jeunes. Le refus du Grand Conseil d’entrer en matière sur la création d’une fondation immobilière pour les jeunes est incompréhensible. 

Lors de sa session de novembre 2012, le Grand Conseil genevois a refusé d’entrer en matière sur le projet de loi qui visait à créer une fondation immobilière de droit public pour le logement des jeunes (cf. rapport de la commission du logement pl10873a).

Ce refus, dicté essentiellement par des motifs idéologiques, ne doit pas sonner le glas d’une bataille politique qui s’impose. Le canton de Genève a besoin d’une véritable politique publique du logement des jeunes! La pénurie de logements frappe plus durement certaines catégories de personnes que d’autres. Il en va ainsi de celles qui ne disposent pas de revenus stables et conséquents, et qui n’ont aucun lien privilégié avec des bailleurs ou des régisseurs. Il en va ainsi des étudiants, des apprentis et des jeunes travailleurs qui commencent une activité professionnelle. Dans l’impossibilité de pouvoir obtenir un logement auprès de bailleurs, ces personnes sont contraintes de rester chez leurs parents, si elles le peuvent.

Ainsi bon nombre d’étudiants étrangers et confédérés ne disposant pas d’une bourse ou d’un soutien financier leur permettant de cosigner un bail se voient dans l’obligation de vivre l’expérience de la précarité ou de se saigner à blanc en payant 700 à 1200 francs par mois pour une chambre ou un studio.

La situation est pire encore pour les jeunes travailleurs qui entrent sur le marché du travail et peinent à trouver un contrat à durée indéterminée ou un emploi suffisamment rémunéré.

Il existe des solutions
Des solutions existent aujourd’hui, mais sont largement insuffisantes. En effet, les étudiants à l’Université ou dans une Haute ecole spécialisée peuvent obtenir une chambre auprès d’institutions spécialisées comme la Cité universitaire, la Fondation universitaire pour le logement des étudiants (FUle) ou la CIGUE (Coopérative de logements pour étudiants). Celles-ci ne sont toutefois pas suffisamment dotées pour répondre aux besoins actuels. Leur parc immobilier comptera prochainement plus d’un millier de chambres. Malheureusement ce ne sera pas suffisant. Au moins mille logements supplémentaires sont encore nécessaires pour répondre aux besoins de cette catégorie de la population.

Situation inacceptable

La situation actuelle est insatisfaisante à trois autres titres:

Tout d’abord, elle ne concerne que les étudiants auprès d’établissements de formation supérieure. Le besoin des apprentis est totalement méconnu, alors que ceux-ci commencent aujourd’hui leur cursus à un âge plus avancé que jadis et qu’ils ne peuvent pas augmenter leurs revenus en travaillant en parallèle à leur formation. Ensuite, il faut rappeler que a CIGUE est une société coopérative qui ne peut loger que ses propres membres. Un étudiant doit donc au préalable y adhérer en faisant l’acquisition de parts sociales. En l’état actuel de la pratique administrative, il ne peut s’agir que d’étudiants suisses ou ressortissants d’un etat membre de l’Union européenne.

Enfin, seule peut bénéficier d’un logement une personne en cours de formation. Ainsi, à la fin des études, le locataire est contraint de quitter la chambre qu’il loue sans avoir nécessairement pu trouver un nouveau logement. Dans la mesure où 36% des étudiants diplômés éprouvent des difficultés d’insertion professionnelle après leurs études, il n’est pas rare qu’ils se retrouvent à la rue ou sur le canapé d’un ami. A l’issue d’un débat qui s’est déroulé en automne 2011 sur le logement des jeunes, plusieurs organisations, dont l’ASLOCA,ont travaillé à des solutions alternatives qui permettaient de dépasser les impasses mentionnées ci-dessus. De ces réflexions ont émergé des revendications que le projet de loi 10873 devait concrétiser. Ces revendications ont été dictées par un souci de pouvoir assumer pleinement une formation sans devoir consacrer un temps de travail trop important à l’extérieur pour parvenir à boucler un budget. Un logement autonome est la condition sine qua non d’une véritable autonomie et de la responsabilisation des personnes.

Le refus de toute prise en compte des préoccupations légitimes des jeunes locataires et étudiants qui ont été à l’origine de ce projet montre tout l’intérêt que porte la majorité du parlement aux conditions d’études dont elle se gargarise en d’autres circonstances.

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